Au Sénat, un groupe veut promouvoir la filière du chanvre
Le chanvre a le vent en poupe et, au Sénat, on souhaite lui donner encore plus d’élan. Ainsi, un groupe d’une cinquantaine de sénateurs, mené par l’écologiste Guillaume Gontard, a publié une tribune fin septembre pour affirmer sa volonté de promouvoir et développer la filière du chanvre, notamment industriel. Plus qu’une tribune, c’est « une proposition de résolution pour le développement économique de la filière et l’amélioration de la réglementation des produits issus du chanvre » qui a été déposée par la cinquantaine de sénateurs français de tous bords politiques.
L’idée première, c’est d’enfin clarifier la situation et la position de la France vis-à-vis du chanvre. Premier producteur européen, avec environ 22 000 hectares cultivés, notre pays jongle toujours entre un flou juridique autour des produits tels que le CBD et ses dérivés, une vieille image diabolisée de la plante et la forte répression qui va avec, et les enjeux environnementaux vis-à-vis desquels le chanvre peut avoir un grand rôle à jouer.
Loin d’être un « effet de mode »
Pour la cinquantaine de membres du Sénat, remettre le chanvre au goût du jour n’a rien d’un « effet de mode ». Car « tout est bon dans le chanvre », une plante jugée « magique » par Myriam Laïdouni-Denis, conseillère régionale d’Auvergne-Rhône-Alpes. Une expression qui n’est peut-être pas des plus heureuses, car il n’y a rien de magique dans le chanvre, c’est plutôt une plante vertueuse. « Une plante historique », plutôt qu’une « plante à la mode », plaide avec plus de mesure Guillaume Gontard. Rappelons-le, en 1840, on comptait quelques 176 000 hectares de chanvre cultivés en France.
Ainsi, le Sénat appelle le gouvernement à un meilleur encadrement de la filière, afin que la culture du chanvre soit « facilitée ». À l’heure actuelle, « une question de normes », selon le sénateur de l’Isère, freine le secteur. Une question épineuse à laquelle le gouvernement ne semble pas capable de répondre à l’heure actuelle, confondant trop souvent THC et CBD, cannabis psychotrope et plante inoffensive. Et subissant l’opposition du ministère de l’intérieur, y compris dans le domaine du cannabis thérapeutique.
Donner les moyens à la filière du chanvre
Pour sortir de ce carcan de confusion – entretenu parfois sciemment -, le groupe de sénateurs souhaite d’abord mettre en évidence les possibilités offertes par le chanvre dans les domaines environnementaux et industriels. Une plante qui « restructure » et « aère » les sols, explique Guillaume Gontard, « qui pousse vite, résiste à la sécheresse parce que très peu gourmande en eau, ne réclame pas d’apports en produits chimiques », ajoute Le Figaro. C’est aussi « un puits de carbone » selon l’écologiste Daniel Salmon, et une opportunité de reconversion agricole.
Textile, papier, construction, isolation, cosmétique, voire même alimentation des animaux d’élevage… On peut tout faire ou presque avec le chanvre, qui peut intégrer l’industrie automobile ou l’effort éolien, avec la fibre de chanvre pour succéder à la fibre de verre. Mais pour cela, il faut un « énorme travail de structuration de la filière ». C’est-à-dire « créer la demande, ouvrir le marché, normer tout ça ». Mais aussi des investissements, car la transformation du chanvre nécessite la mise en place d’outils particuliers.
La question des fleurs toujours floue, regrettent des membres du Sénat
Mais au-delà de ces usages industriels du chanvre, les membres du Sénat souhaite aussi une clarification de la politique menée au sujet des fleurs et feuilles de la plante, notamment sur la question du CBD. « On est toujours dans un flou juridique », regrette Guillaume Gontard, dix mois après l’arrêté d’interdiction de vente recalé par le Conseil d’État. Pourtant, « la manne financière, représentée par la culture du chanvre CBD serait une bouffée d’oxygène pour les agriculteurs français », estime le sénateur.
En attendant, le groupe ayant déposé la proposition tente de mettre en valeur les usages industriels du chanvre, en visitant notamment des entreprises du secteur, impliquées dans le béton de chanvre par exemple, ou encore, dans le Nord, la rénovation de logements d’une cité minière, dont la nouvelle isolation sera faite grâce à la plante. En espérant que les coûts baissent au fur et à mesure que les moyens sont donnés au secteur d’exister.