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L’expérimentation du cannabis médical suit son cours en France

Depuis mars 2021, l’expérimentation du cannabis médical suit son cours en France. Ouverte à 3000 patients souffrant de pathologies précises, elle a pour but premier d’évaluer la prescription de produits médicamenteux au cannabis, avant de juger de leur efficacité. C’est Nicolas Authier, psychiatre spécialisé en pharmacologie et addictologie, qui pilote cette expérimentation au CHU de Clermont-Ferrand. Ouest-France est allé à sa rencontre pour faire le point sur ce test, mené notamment par l’ANSM, l’agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé.

Une expérimentation qui « se passe bien »

Selon l’expert, l’expérimentation en cours de la prescription de cannabis thérapeutique « se passe bien ». « Plus de 2 400 patients ont été traités dont environ 1 500 toujours inclus » dans le dispositif. « Scientifiquement, le bilan est majoritairement positif. Environ deux tiers des patients sont satisfaits des traitements. Dans certains cas, comme pour les douleurs neuropathiques, jusqu’à 40 % des personnes jugent d’une amélioration « importante » de leur état de santé », juge Nicolas Authier.

Pour Claudia, patiente volontaire qui souffre de « maladies auto-immunes », lui provoquant de vives douleurs, l’amélioration est assez nette quand elle inhale des fleurs de cannabis. Une expérimentation donc positive pour elle, explique-t-elle au quotidien. « Avec le vaporisateur, ça soulage immédiatement au moment de la crise. Pas dix minutes plus tard. » Ce qui change beaucoup de choses dans sa vie. « Je vois des amis, j’ai une vie sociale. Moralement, c’est important. Sinon, on se renferme sur soi-même. Là, je peux aller où je veux quand je veux. Pour moi, le cannabis a vraiment un effet positif. »

Pas de miracle, mais des effets globalement positifs

L’expérimentation permet, au-delà du système de prescription, de voir les effets de ces médicaments au cannabis sur les patients. « Nous n’avons pas identifié de cas de dépendance aux médicaments, comme nous aurions pu le redouter », se réjouit Nicolas Authier. Ce dernier précise qu’il ne s’agit néanmoins pas d’un « essai clinique ». « Nous avons restreint les tests à cinq grandes indications (épilepsies sévères et pharmacorésistantes, cancers, douleurs neuropathiques, soins palliatifs, spasticités douloureuses des pathologies du système nerveux central). »

Claudia, elle, a remarqué « peut-être des petits vertiges ». Quant au risque d’addiction, plutôt écarté par les spécialistes après des mois d’expérimentation, elle « ne se pose pas la question. Quand on souffre, on veut juste avoir moins mal. Le plus important, c’est le soulagement. » Cependant, « des patients ont quitté l’expérimentation, car les médicaments étaient inefficaces ou à cause d’effets indésirables (somnolence, anxiété, troubles digestifs…) », précise le spécialiste. Mais, « cela arrive avec tous les médicaments. Ce n’est pas spécifique au cannabis ».

D’autres problèmes soulevés par l’expérimentation

Reste l’objectif premier de l’expérimentation : voir si le système de prescription fonctionne. « La principale problématique : c’est le relais de prescription auprès des médecins généralistes – en grande partie liée aux contraintes de l’expérimentation elle-même – qui leur demande d’effectuer une formation, le plus souvent, pour traiter un seul patient. Ce frein sera rapidement levé si les médicaments reçoivent une AMM (autorisation de mise sur le marché) à l’issue du processus. »

« L’objectif principal de déterminer les conditions d’accès à ces médicaments est validé. Désormais, il faut travailler le réglementaire. En décembre dernier, la Direction générale de la santé (DGS) a mis en place un groupe de travail. Pour préciser le statut que pourraient recevoir les médicaments à base de cannabis et leur modalité de remboursement par la Sécurité sociale », ajoute Nicolas Authier.

La France n’est pas prête à produire ses médicaments

À l’issue de l’expérimentation, la France pourra-t-elle produire ses propres médicaments à base de cannabis ? « Pour l’instant, non, regrette l’expert. L’ensemble des médicaments testés dans le cadre de l’expérimentation proviennent de l’étranger. Cependant, nous avons tout intérêt à développer une filière qui nous permette d’être autonomes. »

Il faudra donc encore se montrer patient du côté des malades. « Si tout se passe bien, les travaux seront bouclés avant l’été. La légalisation pourrait ensuite être débattue au Parlement, dans le cadre du prochain projet de loi de financement de la Sécurité sociale », explique Nicolas Authier. Un lent mais nécessaire processus, dont les patients espèrent une accélération rapide, afin de parer à l’inefficacité de certains médicaments plus traditionnels.

 

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