Le consommateur moyen de cannabis en France vieillit !
En France, le consommateur moyen de cannabis prend de la bouteille ! L’OFDT, l’observatoire français des drogues et des tendances addictives, a révélé dans sa dernière étude, publiée en décembre 2022, que le profil de l’usager moyen de cannabis se faisait plus vieillissant. Une vaste enquête, menée auprès de plus de 23 000 adultes âgés de 18 à 24 ans, dresse le portrait robot de l’usager de la version toujours illégale de la plante, chargée donc en THC. Et les résultats sont, comme l’écrit Le Monde, « tout en contrastes » et « parfois à rebours des idées reçues ».
Le consommateur de cannabis est plus vieux qu’auparavant
La première tendance qui se dégage de l’enquête, c’est la « stabilisation des grands indicateurs de consommation ». En effet, celle-ci démontre que 10,6% de la population majeure française a consommé du cannabis dans l’année. Tandis que 47,3%, environ 18 millions de Français, ont déjà expérimenté la plante enivrante au cours de leur vie. Des chiffres qui restent relativement stables par rapport à la précédente étude de l’OFDT.
Mais ce qui ressort surtout de l’enquête, c’est l’âge moyen du consommateur. En effet, ce dernier a tendance à être plus vieux qu’auparavant. Entre 1992 et 2021, l’âge moyen du consommateur de cannabis en France est passé de 25,1 ans à 32,8 ans. Et chez les plus jeunes, notamment les moins de 25 ans, l’usage est en baisse depuis 2017. Il est passé de 53,5% à 48% pour ceux qui expérimentent le cannabis. Et la consommation régulière est passé de 8,4% à 6,3% entre 2017 et 2021.
Au-delà de 35 ans, la consommation augmente
Parallèlement, « les usagers sont de plus en plus nombreux à déclarer une consommation au-delà de 35 ans, plus encore après 45 ans », écrit le quotidien national. En effet, les 45-54 ans, qui déclaraient avoir consommé du cannabis au moins une fois par mois en 2017 représentaient 2,9% des personnes interrogées. En 2021, ce chiffre grimpe à 3,4%. Il en va de même pour les 55-64 ans, avec une consommation dans l’année passée de 1,6% à 2,5%.
Pour Stanislas Spilka, co-auteur de l’étude de l’OFDT, « ces éléments interrogent sur une vision initiale un peu naïve de l’usage du cannabis dans la population. À la fin des années 1990, on croyait qu’au-delà de 25 ans, avec une vie active, en couple, l’usage baisserait. Or, on remarque qu’une partie de ces jeunes usagers de l’époque ont poursuivi – ou repris – leur usage en vieillissant. »
Le consommateur plus âgé fait aussi un usage sans doute moins festif du cannabis. « Cette image-là n’est vraisemblablement pas la même à 40 ans. Il convient d’amorcer une réflexion sur ces usages du “joint du soir” ou au dîner par exemple », ajoutent les auteurs, qui mènent une autre enquête sur les motivations de ces fumeurs plus âgés.
Hommes et femmes, Nord et Sud : des différences
Si, habituellement, l’écart entre hommes et femmes ne varie que très peu dans l’usage des drogues, de 1 à 3%, on remarque dans l’étude de l’OFDT une vraie différence de genre chez le consommateur de cannabis. En effet, 54,9% des hommes ont déjà expérimenté la substance, contre seulement 39,9% de femmes. La consommation dans l’année, elle aussi, montre un usage deux fois plus élevé chez l’homme que chez la femme : 14,2% contre 7,2%.
Géographiquement, les résultats montrent « une forme d’opposition nord-sud », ajoute Le Monde. En Occitanie, par exemple, on compte 55,1% de personnes ayant expérimenté le cannabis, contre seulement 38,8% dans les Hauts-de-France. Même constat avec l’outre-mer. En Guyane, on constate « un niveau d’expérimentation deux fois plus faible que la métropole ». Cependant, ceux qui y consomment du cannabis régulièrement, voire quotidiennement, représentent une part beaucoup plus importante que dans la métropole.
Proximité avec l’Espagne pour le sud de la France, part plus importante de la consommation d’alcool dans le nord peuvent expliquer ces différences chez le consommateur. Mais globalement, avec le recul de la consommation chez les plus jeunes, on peut penser qu’à l’avenir, les chiffres des usagers de cannabis vont baisser avec le vieillissement de ces derniers. « Avec la baisse du tabac dans la population adolescente, il se joue quelque chose », estime Stanislas Spilka. Il sera donc très intéressant d’analyser les données de la consommation dans les années à venir.