Le Japon dévoile son passé de terre de chanvre au musée
Aujourd’hui, le Japon vit un moment compliqué de son histoire avec le cannabis. Le pays possède des lois très strictes quant à l’usage et la possession de cannabis et n’autorise pas plus son utilisation dans le cadre médical et thérapeutique. La plante jouit plutôt d’une mauvaise réputation et les cultures industrielles se font, elles aussi, rares. Pourtant, le Japon et le chanvre ont, par le passé, partagé une riche histoire commune. Une exposition retrace ces liens forts tissés avec la plante au pays du soleil levant.
Le Japon, ancienne terre de chanvre
Si vous passez par Barcelone, n’hésitez pas à faire un tour au Hash Marihuana & Hemp Museum. L’antenne catalane de ce musée d’Amsterdam fête ses dix ans en 2022 et propose, pour l’occasion, une exposition sur le chanvre au Japon, intitulée Cannabis Japonica. Celle-ci offre « un fascinant voyage dans le monde de la mode vestimentaire japonaise mettant en lumière les liens culturels du Japon avec la plante de cannabis ».
C’est donc au regard de vêtements, pièces de tissus et accessoires que l’exposition permet de découvrir un pan de l’histoire du pays. « Cannabis Japonica révèle les liens profonds de l’archipel avec la plante de cannabis et son rôle essentiel dans la création de vêtements uniques et magnifiques d’une grande importance culturelle », informe le musée.
L’apprenti qui voulait devenir ninja
Pour démontrer ces « liens profonds » entre le chanvre et le Japon, l’exemple donné est celui d’une histoire traditionnellement racontée aux enfants. Elle décrit l’entraînement au saut des apprentis ninja, où le chanvre tient le rôle principal. « L’étudiant ninja plante un lot de chanvre lorsqu’il commence sa formation et s’efforce de sauter par-dessus les plantes tous les jours », commence l’histoire.
« Au début, ce n’est pas un défi, mais le chanvre croît très vite, tout comme la capacité de saut du ninja. À la fin de la saison de croissance, le guerrier peut sauter au-dessus de pieds de chanvre de 3 à 4 mètres de haut », se conclut-elle. Une image qui dépeint surtout une époque où le cannabis prenait une place importante au sein de la société japonaise, ce que l’exposition Cannabis Japonica propose de découvrir.
Une matière première commune mais précieuse
Le musée invite donc dans cette époque où le chanvre poussait communément dans l’archipel. « À l’approche du printemps, chaque ménage rural plantait quatre à cinq rangées de graines de chanvre. Le tout dans le but principal d’en récolter les fibres. « Le chanvre cultivé était la principale source de fibres de la famille pour le tissage des vêtements. Et c’était aussi une importante source de revenus, car les marchands de la ville achetaient les meilleures fibres de chanvre ».
Grâce au tissage du chanvre, les Japonais ont fabriqué de superbes étoffes, du quotidien ou d’apparat, pour toutes les classes de la société. « Ce chanvre aux qualités soyeuses a été utilisé pour créer les vêtements les plus précieux, des kimonos d’été aux armes de samouraï » en passant par les « vêtements des prêtres shintoïstes ». Des pièces que le Hemp Museum de Barcelone met parfaitement en valeur, le tout accompagné de belles archives iconographiques et photographiques.
« Au soleil couchant
Sur le chanvre fauché
Une averse de passage »Haïku de Masaoka Shiki
Le chanvre, une affaire de femmes au Japon
Tous les aspects de la culture du chanvre sont abordés. Notamment le lien spécial entre le femmes japonaises et la plante. « Chaque aspect du travail lié au chanvre, de la plantation au tissage, était le travail des femmes. Et cela a continué à être le cas pendant l’ère Meiji, lorsque le Japon est rapidement devenu un empire industrialisé ».
Comme au sein de nombreux pays industrialisés au XXe siècle, le cannabis et le chanvre vont largement être supplantés par le pétrole, notamment dans le secteur textile avec l’arrivée du nylon. Il va aussi être diabolisé, interdit et lourdement puni. Aujourd’hui, un consommateur de cannabis dans l’archipel risque jusqu’à cinq ans de prison.
L’exposition Cannabis Japonica est à voir à Barcelone au Hash Marihuana & Hemp Museum jusqu’au 26 février 2023. L’entrée est gratuite !