La vente légale de cannabis démarre doucement à New York
Voilà deux ans que New York a légalisé le cannabis, mais la vente légale met du temps à se mettre en place. Au tournant de 2023, les New-Yorkais vont enfin pouvoir acheter légalement du cannabis dans des boutiques dédiées. Mais le temps presse avant que le marché noir ne supplante définitivement le marché autorisé, alors que quelques lenteurs se font ressentir dans le processus. Pourtant, c’est une véritable mine d’or vert sur laquelle est assis l’État, qui pourrait devenir le deuxième plus gros marché du cannabis au monde.
La vente légale de cannabis débute à New York
Les premières boutiques de vente légale de cannabis ont enfin ouvert à New York. Ce, deux ans après la légalisation de la plante dans l’une des plus célèbres et visitées villes du monde. La mégalopole a rejoint en 2021 le nombre croissant d’endroits aux États-Unis où il est possible de consommer du cannabis récréatif. Pourtant, il aura fallu attendre près de deux ans avant de voir se créer les premiers points de vente légaux, soumis à l’obtention d’une licence spécifique.
36 premières licences de détaillants ont été accordées le 20 novembre dernier. Il s’agit d’entrepreneurs locaux, car New York veut éviter la création de grandes entreprises qui géreraient tous le processus, de la culture de la plante à sa vente. C’est la raison pour laquelle 277 licences séparées ont été attribuées à des agriculteurs qui, eux, devront faire pousser leur cannabis dans l’État, afin de bien séparer les secteurs d’activité.
Trop d’incertitude pour ouvrir une boutique ?
D’autres difficultés existent pour les futurs petits entrepreneurs du cannabis. La vente légale s’accompagnant de l’ouverture d’une boutique, nombreux sont ceux qui ont besoin de l’appui des banques. Cependant, celles-ci sont encore bien frileuses à l’idée de prêter de l’argent pour des investissements ou la création d’entreprise dans le secteur du cannabis. Car pour les établissements bancaires, le risque est grand compte tenu de l’interdiction encore en vigueur dans certaines zones du pays.
Si la majorité démocrate au Congrès souhaite faire voter un « Safe Banking Act », afin de « décriminaliser les prêts » bancaires pour le cannabis, la bascule à droite en janvier de la chambre change la donne. Et ce, malgré les tentatives de Joe Biden de dédiaboliser le cannabis et les personnes condamnées pour des délits mineurs qui y sont liés, notamment en accordant une grâce pour ces Américains souvent durement sanctionnés.
La priorité : le commerce illicite ?
Pendant que les commerçants s’échinent à trouver des prêts, des locaux, des autorisations, la ville de New York, quant à elle, met l’accent sur la répression du commerce illégale. Car les petits vendeurs discrets n’ont pas attendu pour se mettre au travail et ont un coup d’avance. « Le premier geste des autorités après l’attribution des licences commerciales a donc été de lancer la chasse aux vendeurs sauvages. Dans leur boutique ou leur camionnette, ils ont pignon sur rue », écrivent Les Échos.
« La priorité est de réprimer ce commerce illégal et dangereux, aux revenus évalués par Cannabis Public Policy Consulting à 1,95 milliard de dollars dans l’Etat en 2022 », continue le journal économique. Face à la vente légale qui tarde à démarrer, ce commerce illicite prend ses aises. Avec souvent un cannabis de mauvaise qualité, « près de 40 % des produits illicites sont contaminés au plomb ou avec des bactéries comme la salmonelle ». Un défi de plus pour la vente légale de cannabis.
Un marché et un potentiel énormes
Pour le maire de New York, Eric Adams, il est urgent de réguler tout cela, avant que le marché illicite supplante la vente légale et ne devienne incontrôlable. Car pour la ville, à la clé, ce sont près de 19 000 à 24 000 emplois qui devraient être créés, pour un chiffre d’affaires de 1,3 milliard de dollars espéré l’année prochaine.
Et cela va de pair avec la politique de justice social mené par le gouvernement. « Au cours des trente dernières années, les New-Yorkais noirs ont été 15 fois plus susceptibles d’être arrêtés pour détention de cannabis que les Blancs. Pour les Latinos, c’est 8 fois plus. Par conséquent, la majorité des licenciés du jour sont des personnes de couleur », s’est réjouit le bureau de gestion du cannabis de l’Etat le 20 novembre, en dévoilant les 36 premiers licenciés.