L’Australie cherche la bonne formule pour légaliser le cannabis
L’Australie se pose sérieusement la question de la légalisation du cannabis sur ses terres. Et l’Australian Parliamentary Budget Office (PBO) a émis une proposition explorant deux options permettant d’aborder la question avec précision. C’est à la demande du sénateur David Shoebridge et du parti des Verts australiens que l’institution a été chargée de réfléchir à la façon de mettre en place la légalisation du cannabis à l’échelle nationale. Et les arguments sont nombreux en faveur de la plante interdite, à l’image de ce qu’il se passe actuellement dans d’autres pays du monde.
En Australie, la perspective de la légalisation
Pour le sénateur David Shoebridge, la légalisation du cannabis en Australie va de soi. Il faut dire que l’élu est un fervent défenseur de la plante et de son changement de statut. Qualifié de « papa de la laitue du diable en Australie » par The Pedestrian, un média local, l’écologiste convaincu estime que la proposition du PBO est « une incroyable opportunité créée par le cannabis non seulement pour réduire ses dégâts, mais aussi pour générer des revenus qui pourraient être investis dans la santé, l’éducation, le logement social… »
Pour lui, la légalisation du cannabis en Australie, « a également un énorme sens social », explique-t-il au New Zealand Herald. « Lorsque nous légalisons le cannabis, nous enlevons des milliards de recettes au crime organisé, des milliards de dépenses à la police et au système de justice pénale, et nous pouvons ensuite les dépenser pour les écoles, le logement, les hôpitaux et le soutien social ». Le tout sans compter sur les potentielles recettes fiscales apportées par la légalisation, qui pourraient permettre de construire 88 000 logements sociaux sur la prochaine décennie, de quoi loger près de 250 000 personnes.
Aller dans le sens de l’histoire et des usages
David Shoebridge pense également que la prohibition n’a plus de sens. Le système répressif n’a fonctionné nulle part dans le monde et le sénateur le constate. La consommation reste toujours aussi importante, tout comme les trafics. « C’est un fait que près de la moitié des Australiens adultes a, à un moment ou à un autre, consommé du cannabis. Les lois qui font de la moitié de nos concitoyens des criminels ne passent pas le test du pub », lâche-t-il. Comprendre par là que la prohibition du cannabis en Australie et sa répression sévère ne sont plus du tout en accord avec l’opinion générale dans le pays.
« Lorsque vous légalisez le cannabis, vous pouvez réglementer correctement le marché, fournir des conseils cohérents en matière de santé et de sécurité, et rendre le produit plus sûr », continue le sénateur des Verts. « À l’heure actuelle, les seuls régulateurs de sécurité pour le marché du cannabis sont les gangs de motards et le crime organisé, et cela n’a pas beaucoup de sens… » Il faut donc trouver une solution, et c’est ce sur quoi a planché l’office du budget australien.
Les options australiennes pour une légalisation future
C’est le directeur parlementaire du budget qui a remis récemment la proposition de légalisation australienne du cannabis. Elle passerait d’abord par la création d’une agence nationale de contrôle (CANA). Cet organe de gestion agirait en tant que « grossiste » entre les producteurs et les détaillants, fixerait les prix de gros du cannabis et délivrerait les licences aux propriétaires potentiels d’entreprises liées au cannabis, de la transformation à la vente. C’est la vente au détail et les frais liés aux licences qui financeraient l’agence nationale australienne du cannabis.
Le cannabis serait donc légal pour toute personne de 18 ans et plus et sans restriction sur la quantité, même si ce dernier point reste à débattre. La vente aux mineurs serait évidemment sanctionnée, de la même manière que l’Australie gère le commerce de l’alcool. Par ailleurs, la vente de cannabis serait autorisée pour les « visiteurs d’outre-mer », donc les touristes, et chaque habitant aurait le droit de cultiver chez lui jusqu’à six plants pour consommation personnelle ou familiale. Reste à définir la taxe sur ce nouveau produit, entre 15 et 25% à prévoir, pour de potentielles recettes de 28 milliards de dollars australiens sur les dix ans suivant la légalisation. Un projet qui pourrait voir le jour d’ici 2025.