Le Texas va-t-il bientôt dépénaliser le cannabis ?
Le Texas est sur le point de décriminaliser le cannabis. Le projet de loi 218 a reçu l’approbation unanime des législateurs et a été approuvé par un vote de 9-0 la semaine dernière. Ce projet de loi supprime l’arrestation et la peine de prison pour la possession de faibles quantités de cannabis, tout en permettant éventuellement l’effacement des antécédents judiciaires.
Le soutien en faveur de la dépénalisation du cannabis au Texas est important : près de 75 % des Texans soutiennent la dépénalisation du cannabis, selon un récent sondage, et plus de la moitié pense que le cannabis devrait être totalement légal. Seuls 17 % des Texans soutiennent les sanctions pénales actuelles.
Du crime au délit mineur
Le projet de loi 218 rend la possession d’une once (28 g) de cannabis un délit mineur avec une amende maximale de 500 dollars et aucune peine de prison. Actuellement, se faire prendre avec une once de cannabis au Texas entraîne une amende de 2 000 dollars et jusqu’à 180 jours de prison.
Si la police vous attrape avec deux onces de cannabis, selon le projet de loi, vous ne serez pas arrêté et vous pourrez effacer votre casier judiciaire pour une somme de 30 dollars.
Des militants ont déjà réussi à faire adopter localement la dépénalisation du cannabis dans plusieurs municipalités texanes, notamment Denton, Elgin, Harker Heights, Killeen et San Marcos, où des mesures par scrutin ont été adoptées en novembre dernier. Les électeurs de San Antonio auront également la possibilité de décriminaliser le cannabis en mai.
Le Texas encore conservateur
Bien sûr, dans un Texas encore conservateur, des activistes anti-cannabis à Harker Heights tentent d’obtenir une mesure qui annulerait la dépénalisation du cannabis, tandis qu’à San Marcos, le procureur du district essaie de contrecarrer les souhaits des électeurs.
Lors de l’audition du projet de loi, le représentant démocrate Joe Moody, président du comité, a expliqué comment le Texas dépénaliserait le cannabis si le projet devenait loi. Essentiellement, « la personne repartira avec un portefeuille plus léger mais sans casier judiciaire ».
Des partisans du cannabis chez les conservateurs ?
Cependant, comme Moody l’a souligné, il ne s’agit pas d’une légalisation. En effet, le Texas n’est pas connu pour son progressisme, mais il existe un argument en faveur de la légalisation du cannabis dans le camp conservateur.
Les conservateurs plaident souvent en faveur d’une intervention gouvernementale limitée dans les affaires personnelles. La légalisation du cannabis serait conforme à ce principe car elle permettrait aux individus de faire leurs propres choix en matière de consommation de substances sans ingérence gouvernementale.
L’argument des recettes fiscales
La légalisation du cannabis générerait également des recettes fiscales importantes pour l’État, que le gouvernement pourrait utiliser pour financer des priorités conservatrices telles que la réduction de la dette de l’État, l’amélioration des infrastructures ou l’augmentation des financements pour la police.
Les conservateurs croient en la liberté individuelle et la responsabilité personnelle. La légalisation du cannabis permettrait aux individus de prendre leurs propres décisions concernant la consommation de cannabis tout en assumant la responsabilité de leurs choix.
Le Texas reste très en retard
En fin de compte, aux États-Unis, il appartient à chaque État de décider de la légalisation ou non du cannabis, mais il est encourageant de voir que même des États conservateurs tels que le Texas se rapprochent de la dépénalisation.
Cependant, il convient de noter que la dépénalisation n’est pas la même chose que la légalisation, et il y a encore beaucoup de travail à faire pour que le Texas atteigne le niveau de légalisation de l’État de Californie ou de Colorado.
Un État symbolique
Néanmoins, la dépénalisation est un pas dans la bonne direction pour les Texans qui sont confrontés à des peines sévères pour la possession de cannabis. Si le projet de loi 218 est adopté, cela représentera une victoire pour les militants et les défenseurs de la liberté individuelle au Texas, ainsi qu’un pas en avant pour le mouvement de dépénalisation du cannabis dans tout le pays.
À Denver, consommer du cannabis dans le bus devient possible !
Les touristes visitant la ville de Denver peuvent désormais réserver un bus depuis l’aéroport jusqu’à un dispensaire et fumer en route vers leur hôtel. Les résidents et les touristes du Colorado vont pouvoir légalement consommer du cannabis dans un bus, ce qui pourrait être le premier bus de consommation de cannabis légal aux États-Unis.
Un permis de consommation de cannabis mobile !
Le département des permis d’alcool et de licences de Denver a délivré le premier permis de consommation de cannabis mobile de la ville à Kush and Canvases. Le nouveau service de l’entreprise, baptisé « The Cannabis Experience », permettra à une douzaine de personnes de fumer légalement du cannabis tout en visitant la ville de Denver dans un bus de fête. Les invités seront autorisés à vapoter et à manger des produits comestibles, et l’entreprise vendra également des marchandises, des boissons non alcoolisées et des collations préemballées.
« Ça a été très long », a déclaré Sarah Woodson, militante pour l’équité sociale et PDG de The Cannabis Experience, à Westword. « On me dit que nous sommes la première entreprise aux États-Unis à avoir cette licence, donc Denver sera encore une fois pionnière dans un domaine lié au cannabis ».
Pas inédit à Denver ?
Les habitants de Denver sont déjà très familiers avec l’expérience des bus de tournée « cannabis friendly ». Des dizaines d’entrepreneurs astucieux ont lancé des circuits en bus sur le thème de la marijuana peu de temps après que le Colorado ait légalisé l’utilisation adulte du cannabis en 2014, mais la ville a finalement décidé que ces salons de marijuana mobiles violaient les réglementations de consommation publique de l’État. Denver a interdit les bus-marijuana de tournée en 2018, et les policiers locaux ont rapidement intensifié les efforts pour fermer ces entreprises.
La demande du public pour un endroit légal pour fumer de la marijuana avec des amis est restée forte, cependant, et les régulateurs de l’État et de la ville ont finalement accepté de délivrer des licences de salons de consommation mobiles. The Cannabis Experience est la première entreprise à recevoir une licence légale complète, mais d’autres entreprises peuvent également postuler. Mais comme tous les autres aspects de l’industrie légale du cannabis, ces bus seront strictement réglementés. L’entreprise devra s’assurer que tous les clients ont plus de 21 ans et que l’alcool est strictement interdit.
Des arrêts dans des dispensaires prévus
Les clients ne seront pas autorisés à acheter du cannabis dans le bus non plus. Apporter sa propre herbe est une option, mais le bus prévoit également de faire des arrêts programmés dans les dispensaires et les magasins de têtes locaux. L’entreprise n’a pas encore finalisé ces plans, mais Woodson a déclaré qu’elle espérait développer des partenariats exclusifs avec d’autres entreprises locales qui ont reçu des licences d’équité sociale.
Pour garantir que le conducteur reste complètement sobre, le bus a été équipé d’une cloison étanche à la fumée entre le conducteur et les invités. La zone de fumage a été améliorée avec des systèmes de ventilation et de filtration de l’air pour garantir que des vapeurs ne s’infiltrent pas dans la cabine du conducteur. L’entreprise a également embauché un « guide cannabique » pour accompagner chaque voyage et s’assurer que tout le monde respecte les règles et profite de l’expérience de manière responsable.
Une « expérience sociale et culturelle »
Bien que l’entreprise ait été autorisée à opérer, elle devra encore faire face à certains défis, notamment la stigmatisation entourant l’utilisation du cannabis. Woodson espère que l’entreprise contribuera à changer la perception de l’utilisation du cannabis en tant qu’expérience sociale et culturelle plutôt que comme quelque chose de honteux ou de stigmatisant.
Le bus de The Cannabis Experience commencera à opérer dès le mois de mars 2023 et offrira des voyages de deux heures dans la ville de Denver. Avec l’expansion de l’industrie du cannabis dans tout les États-Unis, il est possible que d’autres villes suivent l’exemple de Denver et commencent à délivrer des licences de salons de consommation mobiles dans un avenir proche.
La police du Maryland vous invite à consommer du cannabis…
Quelle mouche a piqué la police du Maryland, aux États-Unis ? Alors que la légalisation de la marijuana se répand dans le pays, un service de police du Maryland forme des agents à repérer les signes de conduite en état altéré en regardant les gens fumer dans une tente. Mieux encore, elle les invite littéralement à le faire. Ces rassemblements étranges mais importants ont lieu deux à trois fois par an au département de police du comté de Montgomery et se tiennent de plus en plus dans les services de police du pays.
La police du comté de Montgomery fait venir des fumeurs de marijuana volontaires – elle va littéralement les chercher dans des voitures de police – et les accompagne jusqu’à la tente à l’extérieur de son académie de formation afin qu’ils puissent consommer du cannabis. « Des sacs de Cheetos, des bouteilles d’eau et beaucoup de pizzas sont à disposition », écrit le Washington Post. Les participants sont ensuite utilisés comme cobayes par les agents qui tentent de déterminer si quelqu’un est trop intoxiqué pour conduire. L’affaiblissement des personnes qui conduisent en état d’ébriété peut être quantifié par des alcootests et des tests d’alcoolémie, mais c’est beaucoup plus difficile à discerner avec le cannabis.
Plaisanteries entre policiers et consommateurs
Au Maryland, la consommation de cannabis à titre récréatif est autorisé. « C’est bizarre de faire ça devant vous », glisse Ameer Taylor en soufflant un large nuage de fumée. « Imaginez si vous étiez de notre côté ! », lui rétorque un officier en souriant. Bien sûr, aucun des sujets ne rentre chez lui en voiture. Après être allée les chercher, la police du Maryland assure le retour au bercail. Tous détiennent une carte de consommateur de cannabis à usage médical et sont remboursés du produit qu’ils ingèrent. « Nous essayons tous d’apprendre les uns des autres », déclare le lieutenant O’Brien. « Beaucoup de choses peuvent sortir du fait de simplement fumer et plaisanter. »
Ces programmes existent dans une dizaine d’États. Ils tirent leur nom de Wet Labs, un programme de formation policière de longue date dans lequel les sujets sont invités à boire de l’alcool et évalués sur l’affaiblissement de leurs facultés. Certains de ces tests sont les mêmes : suivre avec les yeux des mouvements rapides, demander aux participants de marcher du talon aux orteils, leur faire fermer les yeux et essayer de toucher leur nez du bout des doigts… Des tests très communs aux États-Unis, même s’ils sont globalement décriés.
Une formation nécessaire pour la police du Maryland
Aux États-Unis, comme dans la police du Maryland, les agents spécialisés sont souvent appelés pour évaluer un conducteur soupçonné d’avoir les facultés affaiblies par la drogue. Ils guident les automobilistes à travers un processus en 12 étapes, qui comprend des examens du globe oculaire et des pupilles et des tests de coordination conçus pour détecter la capacité d’une personne non seulement à se déplacer correctement, mais également à rester concentré sur sa tâche.
Ces séances, au-delà d’évaluer les facultés altérées ou non des participants, permettent également à la police du Maryland d’échanger avec ses concitoyens, notamment au sujet de ces tests de motricité. « Sobre, j’ai déjà très peu d’équilibre », explique Cat Szafran, au cours des tests pratiqués par la police, où elle peine à réussir l’exercice demandé. De quoi évoquer la « valeur scientifique » des ces examens routiers.
Aborder autrement conduite et cannabis
Les agents sont obligés de s’appuyer sur de tels tests d’observation, disent les experts dans le domaine, car il n’y a pas de limites chimiques convenues comme les concentrations d’alcool dans le sang. Huber, officier à Seattle, juge que cela laisse les officiers dans une situation difficile, d’autant plus que la marijuana affecte les gens différemment. « C’est difficile d’analyser l’état d’une personne via ce type de tests, c’est pourquoi nous avons besoin de ces formations », dit-il.
Le vapotage du cannabis chez les jeunes Américains pose question
Le vapotage du cannabis chez les jeunes Américains et leurs habitudes étonnent aux États-Unis. Selon une étude récente de Christian Maynard, doctorant à l’Université de l’État de Washington, et Jennifer Schwartz, professeure au département de sociologie de la même université, les lycéens des États où le cannabis est autorisé uniquement à des fins médicales ont plus tendance à vapoter du cannabis que ceux des États où il est interdit ou légalisé pour un usage adulte. Les chercheurs ont cité les données de l’enquête Monitoring the Future (MTF), qui ont montré une augmentation de 12% de la prévalence à vie du vapotage du cannabis pour les élèves de 12e année (équivalent de la Terminale en France) de 2017 à 2019.
Cependant, les chercheurs ont souligné que des études supplémentaires sont nécessaires pour déterminer si le contexte juridique est associé à une augmentation du vapotage de cannabis chez les adolescents. Les chercheurs ont également noté que les facteurs tels que la disponibilité perçue des produits de vapotage du cannabis et l’acceptabilité de la consommation régulière de cannabis pourraient atténuer les effets du contexte juridique sur le vapotage du cannabis.
Peu de différences selon les États
Les chercheurs ont analysé les données MTF 2020 consistant en des réponses de 3 770 lycéens sur la consommation de cannabis. Les résultats ont montré que les personnes majeures dans les États de consommation adulte étaient plus de deux fois plus susceptibles d’avoir vapoté du cannabis au cours de l’année précédente que celles des États interdits. Les chercheurs ont également noté que les personnes majeures qui ont déclaré avoir un accès très facile aux cartouches de cannabis étaient plus de trois fois plus susceptibles d’avoir vapoté du cannabis au cours de la dernière année, quel que soit le contexte juridique.
Pendant ce temps, 62,2% et 56,4% des lycéens des États à usage médical et des États à usage adulte ont déclaré avoir un accès très facile aux cartouches de vapotage. Des chiffres très proches, qui ont surpris les chercheurs, car on note une différence très légère en ces groupes de personnes, qui ne sont pas censés avoir le même accès au cannabis et aux produits de vapotage associés.
Vapotage du cannabis : la notion de risque
En outre, les chercheurs ont constaté que le pourcentage de personnes majeures qui ont signalé un risque perçu associé à la consommation de cannabis était plus élevé dans les États interdits que dans les États à usage médical et des États à usage adulte. En d’autres termes, les consommateurs de cannabis évaluent le risque qu’il prenne à le faire. Et là où l’usage médical est autorisé, la notion de risque diminue. Les chercheurs ont suggéré que cela pourrait être dû au contexte. Dire que le cannabis est utilisé pour des raisons médicales contribuerait au fait que les jeunes le considèrent comme moins risqué.
Comprendre la consommation selon le contexte juridique
Enfin, les chercheurs ont souligné l’importance de discuter du cannabis avec les adolescents, en particulier lorsqu’ils sont en développement. Selon Maynard, le cannabis est associé à des effets secondaires nocifs chez les jeunes dont le cerveau est en pleine croissance. Les chercheurs ont également appelé à des recherches futures pour évaluer la causalité des contextes juridiques sur la consommation et l’acquisition de cannabis chez les adolescents répondant à l’enquête MTF.
Quoi qu’il en soit, le constat global aux États-Unis est celui d’une consommation croissante de cannabis par l’intermédiaire des produits de vapotage. L’attrait de ces modes de consommation et notamment leur popularité chez les plus jeunes mènent les chercheurs à préconiser plus de prévention et un contrôle accru de l’acquisition de ces produits chez les mineurs.
La Californie veut redynamiser le secteur du cannabis récréatif
La Californie cherche à innover sur le marché du cannabis récréatif. En perte de vitesse, la vente légale de « marijuana » dans cet État de l’ouest américain fait face au marché illégal, qui reste bien ancré localement. C’est une des raisons qui a poussé Matt Haney, membre démocrate de l’Assemblée, de proposer un projet de loi qui changerait le paysage de la consommation de cannabis en Californie. L’idée ? Permettre la vente d’aliments et de boissons non alcoolisées chez les détaillants, dans ce qu’il était commun d’appeler les dispensaires et les salons de cannabis.
De véritables coffee shops en Californie ?
Commander un sandwich, un café et un joint de cannabis avant de s’installer devant une performance musicale pour consommer ? Cela sera peut-être bientôt possible en Californie, comme le souhaite l’élu de San Francisco. « Ce n’est pas sans rappeler le concept d’un bar ou café de quartier où les gens se rassemblent et en tirent une grande valeur sociale », explique Matt Haney au Los Angeles Times. « Nous autorisons dans de nombreux endroits la consommation de cannabis sur place, mais ce sont des lieux assez tristes, où vous ne pouvez ni manger ni boire. »
Le projet de loi permettrait également aux établissements d’organiser des concerts ou des spectacles en direct, ainsi que de vendre des billets pour ces événements, ce que les détaillants de cannabis n’étaient absolument pas autorisés à faire jusqu’ici en Californie. Certains, comme à West Hollywood ont décidé « de truquer le processus », comme le dit Lauren Fontein, co-propriétaire de l’Artist Tree, qui s’est associé au restaurant voisin, le Fresh Corn Grill, afin de pouvoir contenter ses clients. « Nous avons des plats à l’assiette : nous imitons l’expérience d’un restaurant, même si nous ne sommes pas ceux qui vendent la nourriture. »
Le cannabis légal en perte de vitesse ?
La Californie était pourtant le fer de lance de la légalisation du cannabis récréatif aux États-Unis, alors pourquoi les commerçants du secteur en sont arrivés à cet état de fait ? Matt Haney dénonce « l’immense fardeau » que représentent les actuelles réglementations sur les épaules des détaillants. « Les entreprises de cannabis nous ont dit qu’elles devraient fermer leurs portes à moins que les lois ne changent. Si nous voulons que cette industrie survive en Californie, nous devons changer ces lois. Ils perdent face à l’industrie illégale du cannabis et une des choses que les petites entreprises légales ne peuvent offrir, c’est une expérience sociale et/ou culturelle. »
Pour Lauren Fontein, cette interdiction, c’est bien « le noeud du problème », d’où l’importance de ce projet de loi. « La nourriture et les boissons représentent une grande partie du système de revenus et nous ne sommes pas en mesure d’un profiter actuellement », regrette la gérante. Jerrod Kiloh, possède un dispensaire à Sherman Oaks depuis dix ans : « J’ai eu un emplacement à côté de mon dispensaire pendant quatre ans en attendant que les salons de consommations soient légaux à Los Angeles. » En vain. Et les 15% de taxe sur les produits issus du cannabis font petit à petit plonger les entrepreneurs.
Les taxes : premier problème ?
Ce sujet des taxes en Californie est la première source des problèmes des détaillants, juge pour sa part Robert Solomon, coprésident d’un centre d’étude sur le cannabis. Selon lui, la capacité des salons à vendre nourriture et boissons ne serait qu’un changement « mineur ». Pourtant, il est assez largement plébiscité et pas uniquement par les commerçants. Les consommateurs eux aussi cherchent ce « troisième espace », celui où on va « entre le travail et la maison », qui bénéficieraient à ce type de population mais également à des personnes qui s’écartent du marché du cannabis à cause des possibilités de consommations communes dans des espaces chaleureux.
L’aubaine touristique est parallèlement importante, en changeant des points de vente « aseptisés » en lieux de réunions et de loisirs. Mais la loi ne permettra pas l’inverse : impossible de transformer un café existant en café-cannabis. Reste à voir, désormais, si la réglementation changera en Californie.
L’Américaine Brittney Griner libérée lors d’un échange de prisonniers
La basketteuse américaine Brittney Griner, détenue en Russie depuis le mois de février pour avoir été en possession de cartouches de cannabis à vapoter, a enfin été libérée. Elle retrouve les États-Unis dans le cadre d’un échange de prisonniers qui s’est déroulé aux Emirats Arabes Unis. Le marchand d’armes Viktor Bout fait le chemin inverse, alors que la star américaine prenait place dans un avion à destination de Washington.
Le président Biden annonce la nouvelle
Dans une courte allocution prononcée à la Maison Blanche, Joe Biden, le président des Etats-Unis, annonçait la libération de l’Américaine. « Il y a quelques instants, j’ai parlé avec Brittney Griner. Elle est en sécurité. Elle est à bord d’un avion. » Parallèlement le ministère russe des affaires étrangères publiait un communiqué sur Telegram. « Le 8 décembre 2022, à l’aéroport d’Abou Dhabi, la procédure d’échange du citoyen russe Viktor Bout contre la citoyenne américaine Brittney Griner, qui purgeaient respectivement des peines dans des établissements pénitentiaires aux Etats-Unis et en Russie, a été accomplie avec succès. »
Du côté de Joe Biden, on se félicitait de la fin du calvaire de Brittney Griner. « Elle est en route vers les Etats-Unis, après des mois d’une injuste détention en Russie. Retenue pour des raisons intolérables, elle sera bientôt dans les bras de ses proches, comme elle aurait dû l’être depuis le début. Nous avons travaillé longtemps pour ce jour, nous avons tout fait pour obtenir sa libération. Il a pour cela fallu passer par des négociations douloureuses et intenses, et je veux remercier toutes les personnes de mon administration qui ont participé à cette libération. »
Des « mois d’enfer » pour l’Américaine et ses proches
Présente au côté du président américain à la Maison Blanche, la femme de Brittney Griner, Cherelle, a eu du mal à cacher son émotion. « Au cours des neuf derniers mois, vous avez tous été témoins d’un des moments les plus sombres de ma vie. Et donc aujourd’hui, je suis debout ici, submergée par l’émotion. Mais l’émotion la plus importante que j’ai en ce moment est une sincère gratitude pour le président Biden et toute son administration. Il vient de dire que cette affaire n’avait pas été facile, ça a en effet été le cas », a-t-elle reconnu.
« Ces derniers mois ont été un enfer pour Brittney, son épouse Cherelle, sa famille et ses coéquipières, a ajouté Joe Biden. Je suis heureux de pouvoir vous dire que Brittney a le moral, elle est soulagée de rentrer enfin chez elle. Il faudra lui laisser le temps pour digérer le traumatisme de ces derniers mois avec ses proches. » L’Américaine avait été condamnée cet été à neuf ans de prison en Russie, une peine plus que sévère dans un contexte géopolitique intenable à la suite de l’invasion russe en Ukraine.
Un échange « déséquilibré » ?
La monnaie d’échange pour Griner, Viktor Bout, était lui condamnée à 25 ans de prison aux États-Unis. Le marchand d’armes a longtemps prospéré grâce aux guerres civiles africaines, en Afghanistan et en Amérique du Sud. L’échange semble alors « déséquilibré », écrit Le Monde. « L’administration Biden est consciente de l’interprétation qui pourrait être faite de cet échange déséquilibré de prisonniers : une sportive contre un trafiquant d’armes, dont la funeste réputation a même inspiré un film, Lord of War, avec l’acteur Nicolas Cage. »
« La Maison Blanche estime qu’il existe une forme d’« obligation morale » à tout faire pour ramener au pays des Américains détenus injustement dans le monde. Mais il serait faux d’imaginer qu’un échange de prisonniers de cette nature puisse devenir la nouvelle norme, explique un haut responsable. Ce dernier rappelle qu’avant Joe Biden, d’autres présidents avaient aussi consenti à de telles mesures, dans « des cas rares et extraordinaires » », ajoute le quotidien français.
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Affaire Griner : l’appel de la basketteuse américaine rejeté
L’affaire Griner vient de connaître un nouvel épisode. Et le calvaire de la basketteuse américaine emprisonnée en Russie n’est pas près de se terminer. Rappelez-vous, Brittney Griner, c’est cette championne de basket, médaillée d’or aux Jeux Olympiques, arrêtée en février 2022 à l’aéroport de Moscou avec, en sa possession, une vapoteuse et un peu de liquide au cannabis. Quasiment au même moment, la Russie envahit l’Ukraine et entraîne une crise internationale majeure, l’opposant notamment à l’Union Européenne et aux États-Unis. La joueuse de 32 ans devient une véritable « prise de guerre » pour les Russes, comme l’écrivait Le Monde.
Cet été se déroulait le procès de la basketteuse, donnant un tournant encore plus dramatique à l’affaire Griner. Avec une rare sévérité, le tribunal la condamnait à neuf ans de prison. Un verdict très lourd qui a entraîné de vives réactions aux États-Unis. Jusqu’à celle du président Joe Biden. « C’est inacceptable et j’appelle la Russie à la libérer immédiatement afin qu’elle puisse être avec sa femme, ses proches, ses amis et ses coéquipiers. Mon administration continuera à travailler sans relâche et à explorer toutes les voies possibles pour ramener Brittney (…) à la maison en toute sécurité dès que possible », avait-il déclaré en août.
Sanction inchangée dans l’affaire Griner
En septembre, les États-Unis aurait fait une « offre importante » à la Russie, dans le cadre d’un potentiel échange de prisonniers. On parlait notamment du marchand d’armes Viktor Bout détenu aux USA, qui eux cherchent à rapatrier Brittney Griner et Paul Whelan, un ancien militaire également emprisonné en Russie. Mais aucun accord n’a semble-t-il été trouvé entre les deux pays, et la basketteuse a fêté ses huit mois de détention en octobre, à l’heure de son procès en appel. « J’espère vraiment que le tribunal va ajuster ce verdict parce que cela a été très, très stressant et très traumatisant pour mon état mental et psychologique », a déclaré Brittney Griner.
Malheureusement, l’affaire Griner n’en est pas à son terme. Le tribunal de Krasnogorsk, près de Moscou, et sa juge Elena Vorontsova, ont décidé de « laisser sans changement » le verdict prononcé en août. Seule petite concession : tous les jours passés en détention entre son arrestation et son procès, de février à août, seront décomptés de sa peine à valeur d’un jour et demi par jour de détention avant verdict. Rien de significatif qui pourrait redonner espoir à la joueuse d’Ekaterinburg et de Phoenix.
Le calvaire n’est pas terminé pour la basketteuse
Bien qu’elle reconnaisse avoir été en possession d’une petite quantité de cannabis, Brittney Griner a déclaré au tribunal « ne pas comprendre » la sévérité de sa peine, comparée « aux personnes s’étant vues infliger des sanctions moins lourdes pour des crimes plus graves ». De son côté, Alexandre Boïkov, l’un de ses avocats, avait demandé au tribunal « de réfléchir à un acquittement » dans l’affaire Griner, alors que « les yeux du monde entier sont tournés vers elle ». L’avocat a également évoqué « la cruauté de ce jugement », mais rien n’y a fait.
Dès l’annonce du rejet de l’appel, l’administration américaine s’est de nouveau exprimée sur l’affaire Griner. Pour le conseiller à la sécurité nationale de la Maison Blanche, Jake Sullivan, Brittney Griner a fait l’objet d’une procédure judiciaire « bidon ». Il a rappelé la position officielle des États-Unis. « Le président Biden a été très clair sur le fait que Brittney doit être libérée immédiatement. Jake Sullivan également regretté que la joueuse continue d’être « emprisonnée à tort, selon des circonstances inacceptables ». L’affaire Griner continue donc d’être une source supplémentaire de tensions géopolitiques entre Américains et Russes.
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L’alcool plus dangereux que le cannabis pour une majorité d’Américains
Les mentalités changent aux États-Unis et, avec elles, le regard que portent les Américains sur le cannabis, l’alcool et le tabac. Pour preuve, un récent sondage publié par la Monmouth University, dévoilant la nouvelle image qu’ont les habitants des USA du cannabis. Notamment par rapport à d’autres produits courants, au potentiel addictif et destructeur pour la santé, comme l’alcool et le tabac, jusqu’alors bien plus acceptés socialement et culturellement. Un changement de regard qui résulte d’années de légalisation, thérapeutique ou récréative, et des changements engagés récemment par le président Joe Biden.
La tendance est donc au cannabis aux États-Unis. Déjà, un précédent sondage mené par Monitoring the Future avait montré des résultats significatifs. La consommation de la plante est largement en hausse aux USA. Parmi les 5000 Américains de 19 à 30 ans interrogés, 43% ont consommé du cannabis au cours de l’année passée. Une augmentation nette par rapport aux chiffres de 2016 (34%) et 2011 (29%). Gallup, dans une étude similaire, avait montré que plus d’Américains avaient avoué avoir consommé du cannabis que du tabac dans la semaine (16% contre 11%).
NATIONAL POLL: A majority (54%) say they have tried marijuana.
HAVE TRIED by PARTY: DEM – 54% IND – 56% REP – 51%
People who have used marijuana (86%) are more supportive of its legalization than those who have never tried it (47%). https://t.co/d1yiM6axx7
Cette fois-ci, c’est la Monmouth University, basée dans le New Jersey, qui a interrogé des Américains sur l’image qu’ils portent au cannabis, comparé à l’alcool et au tabac. Et les résultats obtenus en disent long. 54% des Américains adultes interrogés estiment que l’alcool est plus dangereux que le cannabis. Et la plupart des sondés, 48%, pense que le tabac est plus dangereux que le cannabis. Pour l’alcool comme pour le tabac, 38% des personnes les voient comme aussi dangereux que le cannabis. 7% estiment que le cannabis est plus dangereux que l’alcool, 13% que le cannabis est plus dangereux que le tabac.
L’opinion publique américaine est donc en train de basculer. La popularité du cannabis après des décennies de prohibition, la démocratisation de la plante avec maintenant une vingtaine d’États des USA à avoir légalisé la consommation récréative, jouent évidemment beaucoup dans la balance. Le cannabis thérapeutique plaide aussi en faveur de la bonne image qu’a de plus en plus le cannabis. De plus, les jeunes Américains s’éloignent d’avantage de la consommation excessive d’alcool et de cigarettes.
L’effet Joe Biden ?
Les récentes déclarations du président démocrate Joe Biden participent également à cette évolution. Ce dernier pousse en effet de plus en plus pour une dépénalisation de la possession de petites quantités de cannabis à usage personnel. Il a par ailleurs demandé aux gouverneurs de gracier les Américains condamnés pour ce genre de délit. Un « grand pardon » engagé notamment auprès des minorités, dont il a été reconnu qu’elles avaient été plus ciblées et persécutées en la matière. Des efforts assez largement soutenus par les Américains, si l’on en croit les résultats de l’étude de Monmouth.
En effet, 68% des personnes sondées jugent qu’il faut dépénaliser la possession de petites quantités de marijuana. Seulement 26% sont contre. Parallèlement, 69% soutiennent l’action en grâce menée par Joe Biden. C’est bien sûr au sein des Démocrates et de leurs soutiens que ces mesures sont le plus plébiscitées. 76% des sympathisants appuient l’idée de dépénalisation, 83% les projets de grâce. Du côté des « indépendants », les soutiens représentent 73% et 71%. Chez les Républicains, la dépénalisation est tout de même soutenue par une majorité (52%), et la moitié des sympathisants interrogés appuient les grâces de Biden, malgré le clivage politique.
Les États-Unis dans le sens de l’histoire ?
« Les différents sondages ont montré que le soutien apporté à la légalisation de la marijuana a constamment augmenté au cours des 20 dernières années », analyse Patrick Murray, directeur de l’institut de sondage de la Monmouth University. « L’action de Biden va dans le sens de ce que pense une grande majorité des Américains ». Parallèlement la vice-présidente Kamala Harris a invité le mois dernier, peu de temps avant les élections de mi-mandat, les Américains à élire des législateurs supportant les réformes sur le cannabis, afin que le Congrès puisse engager une « approche uniforme » sur ce sujet.
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Snoop Dogg, rappeur, business-man et icône du cannabis
Quand on parle du cannabis, il n’est pas rare d’entendre le nom de Snoop Dogg intervenir au cours de la discussion. En effet, l’image du rappeur américain a souvent été associé à la « weed », au cannabis, et il faut dire qu’il a tout fait pour que cette plante lui colle à la peau. Entre ses paroles, son look, ses frasques, mais aussi son investissement dans le cannabis légal, Snoop Dogg est devenu une véritable icône dans le domaine de la marijuana. Et chacune de ses apparitions offre une porte d’entrée sur un monde qui devient de plus en plus banal aux États-Unis, où le cannabis prend petit à petit le pouvoir.
Tous les amateurs de hip-hop se souviennent des paroles qui viennent conclure le morceau avec Dr Dre, The Next Episode, prononcées par Snoop Dogg : « Smoke weed everyday ». Et le rappeur, Calvin Cordozar Broadus Jr. de son vrai nom, semble respecter cet adage à la lettre. À maintenant 51 ans, il révélait il y a peu sa consommation monstrueuse. Combien de joints fume-t-il ? « Ça dépend. Quand je tourne pour la télévision, j’en fume environ 15 par jour. Mais quand je fais de la musique, je dirais 25 en moyenne », a-t-il révélé dans le podcast The Marsha Stewart.
Snoop Dogg, entrepreneur cannabique
Mais Snoop Dogg n’est pas seulement célèbre pour ses morceaux dans lesquels il faisait régulièrement l’apologie du cannabis récréatif. Le mouvement de légalisation aux États-Unis, notamment dans les états de la côte ouest, a permis à l’artiste de mettre les deux pieds dans le business du cannabis légal. Il semblait très logique de voir le natif de Long Beach en profiter et utiliser son nom très influent, surtout en la matière ! Dans un premier temps, Snoop Dogg a créé un site internet, Merry Jane, relayant l’actualité liée au cannabis. Et c’est par ce biais qu’il a fait son entrée dans le secteur.
Dès fin 2015, Snoop lançait sa propre ligne de produits au cannabis, baptisée Leafs by Snoop, ou LBS pour les intimes. Fleurs, concentrés, nourriture au cannabis, toute une gamme est proposée à la vente. « C’est un grand honneur pour moi de partager ces produits que j’aime tant avec vous. Des fleurs aux concentrés et aux edibles, tous ces produits ont été choisis par votre serviteur, vous pouvez donc être sûr que c’est le meilleur produit ici bas. C’est une vraie annonce et vous devez venir au Colorado pour l’essayer en premier ! », déclarait-il à l’époque.
Moins d’un an plus tard, l’artiste et business-man s’associait à la firme canadienne Canopy Growth afin de proposer ses produits au nord de la frontière. « Snoop est bien plus qu’un artiste, un entertainer et un entrepreneur, expliquait en 2016 le président de Tweed (filiale de Canopy Growth), Mark Zekulin. Nous sommes ravis d’accueillir une icône de la culture cannabis dans l’industrie canadienne. »
Les délires de Snoop
Bien sûr, avec Snoop Dogg, il fallait aussi s’attendre à quelques délires du rappeur ! On se souvient par exemple de son livre fumable. En effet, avec Snoop Dogg Rolling Words: A smokable Songbook, le Californien proposait ses textes à succès imprimés sur des feuilles à rouler, dans un livre à la couverture de chanvre et donc la tranche pouvait servir de grattoir à allumettes ! Sorti en 2012 en partenariat avec une marque de feuilles à rouler, l’oeuvre est devenu un produit collector et introuvable… si tout n’a pas été fumé !
Plus récemment, Snoop Dogg est apparu à l’occasion du show du Superbowl. Avec ses anciens compères, Dr Dre, Eminem ou encore 50 Cent, il chantait ses classiques à la mi-temps devant des dizaines millions de téléspectateurs. Mais Snoop n’avait pu s’empêcher de faire un petit arrêt au stand. En effet, une vidéo le montre fumant de la marijuana entre deux morceaux, l’air de rien !
Quelques bouffées qui ont permis à certains parieurs de gagner un peu d’argent. En effet, il était possible de miser, avant le match, sur le fait que Snoop Dogg allait fumer – ou non – pendant son show. Pari gagnant !
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Joe Biden, les USA et le cannabis : un changement important
Joe Biden, le président des États-Unis, a annoncé jeudi 6 octobre avoir demandé la grâce des Américains condamnés pour simple détention de cannabis. Un changement majeur dans le pays à l’origine de la diabolisation de la marijuana au XXe siècle. Une diabolisation teintée de racisme, tant les minorités ethniques ont été particulièrement ciblées par les autorités, comme nous avions pu l’évoquer dans un précédent article.
Mais entre la légalisation du cannabis dans de nombreux États américains, le développement du chanvre dans l’industrie et l’agriculture, les États-Unis sont en train de réorienter leur politique globale quant à la plante. La volonté de « réparation sociale » est grande, comme à New York où l’autorisation de licences pour la vente de cannabis va privilégier d’anciens condamnés, et le mouvement pour la dépénalisation prend de plus en plus d’ampleur au pays de l’oncle Sam.
Joe Biden souhaite gracier les condamnés pour simple détention
Ainsi, Joe Biden, le président des États-Unis, a appelé, jeudi 6 octobre, les gouverneurs à prendre cette nouvelle direction et à gracier les personnes condamnées pour de simples délits de détention de cannabis. « Personne ne devrait être emprisonné pour avoir simplement consommé ou possédé du cannabis », a déclaré Joe Biden sur Twitter. Parallèlement, l’élu démocrate a annoncé vouloir repenser la politique pénale américaine vis-à-vis de la marijuana.
Too many lives have been upended because of our failed approach to marijuana. Hear from @POTUS on the three steps he is taking to right these wrongs. pic.twitter.com/IqOxHxjgue
Le tout avec également un effort de « rectification », car les procédures ont particulièrement frappé les minorités ethniques aux USA. « Effacer le casier judiciaire des personnes condamnées pour détention de drogue est une question de justice sociale », a expliqué Pramila Jayapal, une influente élue progressiste. « C’est une victoire pour l’équité, la justice et la rédemption », a applaudi, de son côté, Cynthia Roseberry, responsable de l’ACLU, une association de défense des droits civiques.
Les choses changent aux États-Unis
« Des milliers de gens bénéficieront d’une seconde chance, au lieu d’être punis à jamais pour des actions qui sont désormais légales ou décriminalisées dans plus de la moitié des Etats », a ajouté Cynthia Roseberry. En effet, 19 des 50 États américains, ainsi que la capitale Washington, ont légalisé l’usage de cannabis à des fins récréatives. De plus, la plupart des États autorisent l’usage médical du cannabis, depuis des produits à faible taux de THC jusqu’à du cannabis pur.
Seuls quelques États américains ultra-conservateurs, comme l’Idaho, le Wyoming ou le Nebraska, « restent intransigeants », écrit l’AFP. Dans l’opposition, notamment au sein du parti républicain, quelques voix s’élèvent face aux décisions récentes de Joe Biden. Le sénateur Tom Cotton dénonce une « tentative désespérée de détourner l’attention d’un mauvais leadership », sans forcément avancer d’autres arguments sur le sujet même du cannabis.
Un changement rapide des mentalités aux USA
Aux États-Unis, malgré la légalisation dans de nombreux États, le cannabis reste illégal au niveau fédéral. L’annonce de Joe Biden marque la volonté de reclassifier la plante. D’ailleurs, une proposition de loi, approuvée par le congrès américain, vise à sortir le cannabis de la liste des drogues dangereuses. Le texte doit encore être adopté par le sénat, mais la dédiabolisation de la marijuana fait son bonhomme de chemin.
D’ailleurs, l’opinion publique aux États-Unis va dans le sens des annonces du président. « Selon une enquête menée par le centre Pew Research [en 2021], 91% des adultes pensent que la marijuana devrait être légale, pour un usage médical, pour un usage récréatif ou les deux à la fois », précise Le Monde. Les ventes de cannabis légal représentaient environ 25 milliards de dollars aux USA l’an passé et la croissance du secteur n’est pas près de faiblir.
Un important changement de paradigme aux États-Unis, qui prouve l’évolution rapide des mentalités.
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L’hôtellerie de luxe veut attirer les touristes du cannabis
L’hôtellerie se met petit à petit au vert ! Dans les pays ou régions où le cannabis a été légalisé, une forme particulière de tourisme émerge. En effet, certains vacanciers choisissent leurs lieux de villégiature en fonction de la possibilité – ou non – d’y consommer du cannabis. Les touristes font ainsi d’une pierre deux coups, profitant du patrimoine local tout en s’offrant un produit qui n’est pas forcément en vente libre, voire légal, chez eux.
Et pour accueillir ces touristes du cannabis, il faut des logements ! Et l’hôtellerie l’a bien compris, en proposant de plus en plus d’établissements que l’on pourrait qualifier de « cannabis friendly ». Des lieux pas réservés aux consommateurs d’herbe, mais où ils pourront quand même en faire usage. Mais de plus en plus, des offres diversifiées et des concepts poussés émergent, pour satisfaire tous types de clientèles, jusqu’au plus aisées.
Aux États-Unis, les canna-touristes sont nombreux !
Si l’hôtellerie cherche à varier son offre et ce, pour toutes les bourses, c’est notamment parce que la demande est forte. Cultivar Brands, une agence de marketing stratégique spécialisée dans l’industrie de cannabis, a mené une enquête en association avec MMGY Travel Intelligence afin mesurer la part de canna-touristes aux États-Unis. Ils estimaient, en 2020 juste avant la pandémie que 29% des « voyageurs d’agrément » aux USA pouvaient être identifiés comme faisant partie d’un « public de voyageurs motivés par le cannabis ».
Une étude plus récente, en sortie de crise du Covid-19, a révélé que ce chiffre avait tendance à augmenter, notamment parmi les générations Z et Y, donc les personnes nées à partir des années 1980. 37% des touristes internes aux États-Unis seraient intéressés pour s’engager dans au moins une activité liée au cannabis au cours de leur séjour. Même si ces chiffres restent une estimation, ils prouvent que le canna-tourisme existe bel et bien.
Une bonne affaire pour l’hôtellerie
L’hôtellerie y voit donc là un beau moyen de faire des affaires. Déjà, des logements au format guest-house ou dans l’esprit AirBnB ont émergé un peu partout, regroupés par la plateforme « Bud and Breakfast ». Le secteur hôtelier s’est engouffré dans la brèche, avec notamment la chaîne Bud+Breakfast (à ne pas confondre, donc), proposant des hôtels plutôt low cost accueillant volontiers les consommateurs de cannabis.
Mais les études récentes montrent que les clientèles plus aisées se prêtent au canna-tourisme. « Les données montrent que si vous regardez les revenus médian et moyen des ménages, le public intéressé par le cannabis a un profil très convaincant en ce qui concerne le revenu disponible », constate Brian Applegarth, fondateur de la Cannabis Travel Association et de Cultivar Brands. Une part des touristes a donc les moyens et est prête à dépenser pour certains services ou activités.
Des établissements plus luxueux ouvrent leurs portes au cannabis
Ainsi, de plus en plus d’hôtels de luxe s’adaptent à cette nouvelle clientèle, comme on le constate en Californie. Des établissements 4 étoiles qui proposent de multiples services. Humbolt Social gère ainsi plusieurs établissements et varie son offre. Leurs hôtels proposent un service de livraison de cannabis, une zone fumeurs accessible en extérieur et, en intérieur où fumer reste interdit, on trouve des produits comestibles au cannabis.
D’aspect, en revanche, ces hôtels ne montrent aucune connivence particulière avec le chanvre. Pas de grandes feuilles de cannabis ou de clichés liés à la consommation, les établissements, bien que luxueux, gardent un ton et une ambiance classiques dans l’hôtellerie. « Nous voulons soutenir le client consommateur de cannabis, mais nous souhaitons aussi être un endroit où sa tante ou sa grand-mère peut venir séjourner », explique le responsable de la chaîne, Jon O’Connor, à Travel Weekly.
L’hôtellerie inspirée par le tourisme viticole
Au-delà même de ces menus services, le secteur hôtelier s’inspire du tourisme viticole pour proposer de nouvelles activités. À la place de déguster du vin, de découvrir caves et vignes, on goûte du cannabis, rencontre les producteurs ou visite les fermes et les plantations.
« Je pense que certains endroits quatre ou cinq étoiles hésitent à adopter le tourisme du cannabis parce qu’ils ont peur de perdre leur clientèle. Notre expérience ici n’a pas démontré cela », a déclaré Brian Adkinson, qui a ajouté ces activités autour du cannabis à son établissement qui proposait déjà sensiblement la même chose pour le vin.
Et ce propriétaire veut aller plus loin, en proposant des repas ou des mariages cannabis-friendly. « Tout comme les gens veulent boire un verre lors des mariages, nous constatons que beaucoup de jeunes veulent pouvoir y consommer du cannabis également », a ajouté Adkinson. « C’est un autre indicateur, je pense, que le cannabis devient de plus en plus courant. En fin de compte, nous voulons le normaliser », conclut-il.
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Du chanvre pour dépolluer le lac Decatur dans l’Illinois
Améliorer la qualité de l’eau ? Utiliser du chanvre pour assainir et dépolluer un lac dans l’Illinois, aux États-Unis ? C’est le projet de la ville de Decatur, située dans l’État de l’Illinois, entre Chicago et Saint-Louis. Pour ses 70 000 habitants, Decatur bénéficie d’un lac artificiel, créé en 1920, avec pour but d’alimenter la ville en eau.
Mais ce réservoir de 11 km², partie intégrante du paysage de la municipalité, pose plusieurs coûteux problèmes aux dirigeants locaux. L’utilisation du chanvre pourrait néanmoins régler la situation du lac Decatur.
À Decatur, un lac pollué
En 1920, Decatur met en place la création d’un lac artificiel. Ce dernier doit notamment servir l’industrie liée au maïs. Le traitement du maïs, en particulier sa transformation en éthanol, est en effet très gourmand en eau. Les industriels de la région voient donc du meilleur oeil cet important projet. En 2007, 76% de l’eau du lac Decatur étaient utilisés à des fins commerciales et industrielles. Cependant, au fil des décennies, des problèmes ont commencé à émerger.
En effet, les bassins versants du lac Decatur sont occupés par des terres agricoles, d’où provient du limon qui se dépose au fond du réservoir. Le limon, c’est le produit de l’érosion des terres des bassins versants, des particules minérales très fines. Elles peuvent se déposer dans le lit des rivières ou des fleuves, comme rester en suspension dans l’eau, la rendant ainsi trouble.
En raison également des cultures en amont, les niveaux de nitrate dans le lac Decatur sont élevés et peuvent entraîner la prolifération d’algues riches en azote et potentiellement dangereuses pour l’humain et l’animal.
Du chanvre pour éviter un autre coûteux dragage ?
La pollution du lac Decatur pose donc de nombreux problèmes, pour l’activité industrielle comme touristique du site. Le tout coûte très cher à la ville de Decatur et à l’État. En 2018, un projet de dragage des limons et algues s’est terminé. Il a duré quatre ans et, s’il a permis d’augmenter la capacité du lac de 30%, il a coûté la bagatelle de 91 millions de dollars. D’où l’idée d’utiliser du chanvre.
Mais comment ? Tout simplement en en plantant dans certaines zones ciblées, notamment vers les sous-bassins versants. Car le chanvre est une plante dont les racines ont des propriétés particulièrement intéressantes. Dans un premier temps, couvrir des espaces nus avec du chanvre permet de limiter l’érosion des sols, donc potentiellement du limon. Avec des sols plus stables, l’écoulement naturel emportera moins de particules.
Parallèlement, avec du chanvre, on peut dépolluer les sols. Les racines de la plante sont un excellent filtre qui permet notamment d’éliminer certains métaux lourds. Dans le cas de Decatur, le projet vise à réduire l’azote nitrique présent en bout de chaîne dans les eaux du lac. On estime que les plantations de chanvre pourraient réduire de 50% les sédiments et de 20% l’azote nitrique à Decatur.
« Accélérer l’industrie du chanvre » en montrant ses avantages
Et le projet plait. Decatur a reçu une aide fédérale de près de 10 millions de dollars de la part du ministère américain de l’agriculture. Il est par ailleurs soutenu par la NHA, National Hemp Association, et la HIF, Hemp Innovations Foundation, deux importants organismes qui agissent pour l’industrie du chanvre et son développement.
En accord avec la ville et l’association des cultivateurs de chanvre de l’Illinois, la NHA assure que « ce projet donnera un coup d’accélérateur à l’industrie du chanvre dans l’Illinois, tout en démontrant les avantages environnementaux et économiques » de l’utilisation de la plante.
« C’est une opportunité excitante de continuer nos efforts d’amélioration de la qualité des eaux du lac Decatur », s’est pour sa part réjouie Jennifer Gunter, responsable de la gestion du réservoir. Ce projet, étalé sur cinq ans, fait partie des « stratégies innovantes », en bonne « intelligence environnementale », que promeut la NHA, notamment dans le Midwest américain.
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Aux États-Unis, la consommation de cannabis explose
Aux États-Unis, la consommation de cannabis chez les jeunes Américains a explosé en 2021. Une récente étude a dévoilé des chiffres très élevés, alors que d’autres produits, traditionnellement consommés dans le pays, ont chuté. L’étude de Monitoring The Future, sortie il y a quelques jours, fait référence. Elle est en effet mise en place par des experts de l’institut de recherche sociale de l’université du Michigan, spécialistes de l’observation des addictions de la population américaine depuis 1988.
Et la tendance est claire : la consommation de cannabis aux États-Unis atteint des records. Notamment chez les jeunes. Parmi les 5000 Américains de 19 à 30 ans interrogés, 43% ont consommé du cannabis au cours de l’année passée. Une augmentation nette par rapport aux chiffres de 2016 (34%) et 2011 (29%). Plus parlant encore, 34% ont dit avoir consommé du cannabis au cours du mois précédent le sondage, contre 21% en 2016 et 17% en 2011. Quant à la consommation quotidienne, elle a quasiment doublé en dix ans, passant de 6% en 2011 à 11% en 2021.
Aux États-Unis, le cannabis plus consommé que le tabac
Chez les Américains plus âgés, la tendance est aussi à la hausse, mais de manière moins significative. Les chiffres concernant la jeunesse américaine ont surpris Monitoring The Future. Ces taux sont en effet « les plus hauts jamais enregistrés depuis le début du relevé de ces tendances en 1988 », ont déclaré les experts. La consommation de cannabis dépasserait même celle du tabac. Gallup a demandé aux Américains quels produits ils avaient consommés au cours de la semaine écoulée. 16% déclaraient avoir consommé du cannabis, contre seulement 11% du tabac.
Comment expliquer cette augmentation au sujet du cannabis ? Plusieurs raisons existent, même si, bien sûr, le fait que « le cannabis à des fins récréatives est désormais légal dans près de 20 Etats à travers le pays », comme le rappelle France Info, pèse dans la balance. Il ne faut pourtant pas y voir l’unique explication à cette importante hausse. Car la consommation de produits psychotropes est souvent signe de mauvaise santé mentale.
Un signe de la mauvaise santé mentale des jeunes Américains ?
En effet, les chiffres concernant la consommation d’autres produits psychotropes augmentent également. Notamment l’alcool et sa « consommation excessive », qualifiée par le fait d’avoir bu cinq verres d’affilée ou plus, et sa « consommation à haute intensité », dix verres d’affilée ou plus. De quoi tirer la sonnette d’alarme pour Nora Volkow, directrice de la NIH, l’Institut national de la santé aux États-Unis.
Ces chiffres sont « très préoccupants. Ce qu’ils nous disent, c’est que le problème de la consommation de drogue chez les jeunes s’est aggravé dans ce pays et que la pandémie, avec tous ses facteurs de stress mental et ses bouleversements, a probablement contribué à cette augmentation », analyse Nora Volkow. Inquiétant, donc, pour les professionnels de la santé.
Le cannabis passe devant Starbucks
Résultat, aux États-Unis, le marché légal explose. 39 États américains ont légalisé au moins un des aspects du cannabis. En conséquence, les affaires marchent. Selon le MJBiz Factbook 2022, les ventes de cannabis légal ont dépassé celles des cafés Starbucks en 2021. Et ce, malgré une augmentation du chiffre d’affaires de la célèbre firme de 25%. Le secteur du cannabis aux États-Unis a vu ses ventes grimper de 30%, représentant une manne de près de 27 milliards de dollars.
Et ces chiffres ne vont pas baisser de sitôt. 20% de la population américaine vit encore dans des États où le cannabis n’est pas légalisé. Aux États-Unis, il faut désormais concentrer les efforts sur la jeunesse et faire la part entre consommation récréative et problématique. De tels profits impliquent la mise en place d’une prévention et d’un système d’accompagnement efficaces. Un palier primordial qu’il ne faudra pas manquer.
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La prohibition du cannabis aux États-Unis et son impact mondial
Nombre d’états américains autorisent désormais la commercialisation du cannabis, y compris dans le cadre récréatif. Pourtant les États-Unis ont organisé, dans les années 1930, la prohibition du cannabis. À grand renfort de slogans effrayants, de faits divers glauques, poussés par le racisme inhérent à la société américaine et les lobbyistes, les USA ont déclaré le cannabis ennemi public numéro un, avant de faire récemment, état par état, machine arrière. Et même si le cannabis refleurit de par le monde, l’impact de sa diabolisation reste fort dans certains pays. Et quelques-uns de nos politiques utilisent les mêmes arguments que les acteurs de cette prohibition il y a plus de 80 ans. Revenons donc quelques dizaines d’années en arrière et penchons-nous sur la façon dont l’administration américaine a tenté de façonner l’opinion de ses citoyens. Et accusé le cannabis de tous les maux.
Une prise de conscience au tournant du XXe siècle
Dès 1800, l’Amérique entre de plain-pied dans l’ère des drogues médicales. La morphine s’impose et se vend librement comme des petits pains. Aucune prescription n’est nécessaire pour s’en procurer et 400 000 soldats reviennent dépendants à la suite de la guerre de Sécession (1861-1865). À cela s’ajoute l’arrivée en force de l’opium sur le territoire américain, notamment dans les bagages des immigrés chinois venus travailler sur les chemins de fer des États-Unis. L’automédication est encore la règle et, en 1900, plus de 600 médicaments contiennent des opiacés ou de la morphine. Tout est légal, les dangers de ces produits sont largement méconnus et on estime, au début du XXe siècle, à 330 000 le nombre d’Américains consommateurs réguliers de morphine ou d’opium.
Le début de la guerre contre la drogue
Aux États-Unis, comme dans le monde entier, une prise de conscience s’effectue. Au pays de l’Oncle Sam, ce sont les médias qui vont les premiers mettre en avant les dangers de ces « médicaments » et de la drogue en accès libre. On raconte les ravages de ces produits dans les journaux et, petit à petit, les premières législations se mettent en place. Le Food and Drug Act est mis en place en 1905. Une convention sur l’opium se tient à Shanghai en 1905, avant que le premier traité international de lutte contre la drogue soit signé en 1912 à La Haye. Puis, en 1919, la Cour Suprême américaine interdit purement et simplement la prescription de drogues par les médecins, y compris la morphine. L’approche américaine est pourtant mauvaise, considérant la toxicomanie non pas comme une dépendance, mais comme un vice.
Les effets pervers de la prohibition et une propagande teintée de racisme
Ignorer la dépendance, cela signifie notamment de laisser pour compte les soldats revenus de la Grande Guerre morphinomanes. Cela sera également un argument quelques années plus tard, on entendra notamment dire que les drogués sont faibles, puisqu’ils… se droguent. Mais cette guerre contre les drogues s’accompagne d’une forte prohibition. Et ses effets pervers se voient immédiatement, notamment dans le cas de l’alcool. On verra sur cette période (1920 à 1933) une consommation qui ne diminue pas. Et des produits plus forts s’imposer, comme le whisky à la place de la bière, ainsi que de moins bonne qualité, voire frelatés. Parallèlement, la criminalité liée aux trafics va croissante. Mais l’effort des USA contre les drogues est conséquent et s’accompagne d’une propagande puissante, orientant le regard de la société vers ce qu’on considère comme un véritable fléau national.
Cette manipulation de masse a deux objectifs : faire peur à la population et en stigmatiser une autre partie. Et, comme souvent aux États-Unis, le racisme et la xénophobie tiennent une place importante dans les discours politiciens. Hamilton Wright accuse notamment les Chinois de pervertir la jeunesse américaine avec l’opium, en visant principalement les jeunes filles blanches. Il déclare ensuite, en 1910, que « la cocaïne est la cause directe des viols commis par les nègres (sic) ». La drogue rendrait les Afro-Américains violents, presque invincibles et surpuissants face aux armes de la police. Une police qui va, pour cette raison, passer du calibre 32 au calibre 38 dans le Sud des USA. La presse relaie largement ces propos et images dévastateurs, le moindre fait divers tend à accuser la drogue et le non-blanc.
Harry Anslinger, le « McCarthy de la drogue »
Vingt ans après les propos de Hamilton Wright, les choses n’ont pas vraiment changé aux États-Unis. Le courant et la pensée politiques sont les mêmes, la prohibition de l’alcool est toujours en cours. Un certain Harry Anslinger en est d’ailleurs le commissaire auxiliaire, avant de prendre le poste, en août 1930, de premier commissaire du Federal Bureau of Narcotics. Puritain à l’extrême et ultra-conservateur, il va faire de la lutte contre le cannabis son cheval de bataille, cherchant notamment à asseoir son poste après la fin de la prohibition de l’alcool. Anslinger va mettre en place les mêmes techniques et arguments que Wright. Sa propagande est violente et largement relayée. « La marijuana est la drogue qui a causé le plus de violence dans l’histoire de l’humanité », dit-il. « Elle nous dirige vers le pacifisme et le lavage de cerveau communiste ».
Il ajoute : « Combien de meurtres, de suicides, de vols, d’agressions criminelles, de cambriolages et d’actes de folie maniaque le joint provoque-t-il chaque année ? Personne ne sait, lorsqu’il porte un joint de marijuana à ses lèvres, s’il deviendra un fêtard joyeux, un fou insensé, un philosophe ou un assassin ? » Anslinger utilise un horrible fait divers face au Congrès américain, en 1937, pour appuyer sa propagande. Il raconte l’histoire du massacre opéré par Victor Lacata, qui tua toute sa famille à la hache, rendu fou, selon Anslinger, par sa consommation de marijuana. Les scientifiques ne sont pas d’accord. Sur les 30 qu’Anslinger interrogent, 29 estiment que les effets du cannabis sont négligeables. Le patron du Bureau des Narcotiques ne publie que le trentième avis, qui abonde en son sens. Résultat : la même année, le Congrès fait de la possession de marijuana un crime fédéral, en votant le Marihuana Tax Act.
Une prohibition du cannabis déguisée, un racisme affiché
Le Marihuana Tax Act instaure la taxation de tous les acteurs de la filière du chanvre. Des importateurs aux producteurs, en passant par les industriels, les médecins, tous y sont soumis et les peines en cas d’infraction sont si lourdes qu’elles dissuadent de l’usage du cannabis.
Parallèlement, Anslinger continue ses efforts de diabolisation, en insistant toujours plus sur la question raciale. Avec les Afro-Américains, les Mexicains sont aussi des boucs-émissaires. Toujours avec les mêmes arguments. Des jeunes femmes blanches corrompues et perverties par des Noirs ou des Mexicains fumeurs de marijuana, drogue qui libèrent leurs instincts. Des instincts bestiaux et dépravés selon Anslinger. Ses propos sont hallucinants. Il dit : « Le joint fait croire aux Nègres qu’ils sont aussi bons que les Blancs. La plupart des fumeurs de marijuana sont des gens de couleur, des musiciens de jazz et des artistes. Leur musique satanique est animée par la marijuana, et sa consommation par des femmes blanches les pousse à avoir des relations sexuelles avec des Nègres. C’est une drogue qui cause la folie, la criminalité et la mort ». Le lavage de cerveau est massif, et ce lien entre drogue et racisme va longtemps perdurer.
De puissants lobbies appuient la prohibition du cannabis
Si Anslinger est persuadé de son combat, il n’est pas seul dans sa sombre entreprise. En effet, la mise au ban du chanvre arrange de nombreux industriels. Forestiers et papetiers ne voient pas d’un bon œil l’usage du chanvre prendre potentiellement le pas dans leur business. Le nylon et le coton sont favorisés dans le très large secteur du textile au détriment du chanvre. Le pétrole prédomine et éclipse les biocarburants naturels. Les vendeurs de pesticides comptent bien, quant à eux, profiter au maximum de leur activité. Les lobbies industriels appuient donc fortement la politique de prohibition du cannabis menée par Harry Anslinger. Et ce dernier est à ce point obnubilé par le cannabis qu’il laisse passer la diffusion massive des amphétamines, légales jusqu’en 1970. Cette politique va profondément changer l’image du cannabis et l’usage du chanvre de par le monde. La production s’effondre, le cannabis est diabolisé. Mission accomplie pour Anslinger.
Les dégâts d’une politique hypocrite et raciste
Harry Anslinger reste le patron du Bureau jusqu’en 1962 et ses 70 ans, âge obligatoire de la retraite pour de telles fonctions. Sa fin de carrière est marquée par ses tentatives de blocage de publications critiquant la guerre contre la drogue. Et, donc, des actes d’insubordination. Mais son héritage reste ancré dans les mentalités américaines et sa vision sert des intérêts politiques. En 1968, le futur président Richard Nixon reprend cette thématique comme axe fort de sa campagne. En 2016, un conseiller de l’époque, John Ehrlichman, raconte que la véritable cible n’était pas le trafic de drogue.
« Nixon, dans sa campagne de 1968, puis son administration, avaient deux ennemis : la gauche anti-guerre du Vietnam et les Noirs. Nous savions que nous ne pouvions pas rendre illégal le fait d’être contre la guerre ou contre les Noirs, d’où l’idée d’amener le public à associer les hippies à la marijuana et les Noirs à l’héroïne. Si nous criminalisions lourdement les deux, nous pourrions perturber ces communautés. Nous pourrions arrêter leurs dirigeants, perquisitionner leurs maisons, interrompre leurs réunions et les dénigrer nuit après nuit aux nouvelles du soir. Est-ce qu’on savait qu’on mentait pour la drogue ? Bien sûr que oui. »
John Ehrlichman, conseiller de Richard Nixon en 1968.
Après de longues décennies, la fin de la prohibition du cannabis ?
Les dégâts de décennies de War on Drugs sur les minorités, aux États-Unis mais pas seulement, les mentalités et les populations sont incalculables. Nous en subissons toujours les conséquences aujourd’hui. Mais la question du cannabis se porte désormais plus sur sa légalisation que sur son interdiction. Aux USA, le Marihuana Tax Act laisse sa place en 1970 par le Controlled Substances Act après le cas Thimothy Leary. Condamné en 1965 à 30 ans de prison pour possession illégale de marijuana, il prouva en appel, en vertu du 5e amendement, que la loi étant anticonstitutionnelle, entraînant son acquittement.
Mais il faudra attendre 2012 pour que le Colorado et l’état de Washington deviennent pionniers en matière de légalisation du cannabis. Aujourd’hui, les États-Unis restent divisés sur la question. 18 états ont franchi le cap de l’usage récréatif et 36 de l’usage médical. Et les mentalités évoluent également. Deux tiers des Américains sont désormais favorables à la légalisation du cannabis, contre seulement un tiers en 2000. Nous dirigeons-nous petit à petit vers un monde où le cannabis sera légal partout ?